Jeux d'échelles, maison mouvante
Projets participatifs
Jeux d'échelles, maison mouvante
par Aude d'Ortho -
Ligne, plein, vide, figure d'escher, passage du temps : une maison-métal devient le lieu d'un mouvement perpétuel pour vingt danseurs amateurs, accompagnés par la compagnie Retouramont. Le jeu extérieur se joue aussi à l'intérieur des corps, les sensations sont contrastées et agissent comme les moteurs du mouvement.
Sur le parvis du théâtre Jean-Vilar, un échafaudage attend de prendre vie au milieu de la ville. Apparemment fragile, sans autre support que le bitume et le vent, la maison-métal est coupée par lignes et obliques. Elle promet un espace de figures improvisées pour raconter l'histoire commune de vingt corps singuliers.
La compagnie Retouramont mène la danse des stagiaires. Les premiers gestes seront ceux du contrepoids, le corps en relation avec le mur, le pilier, le sol ou les montants du bâtiment. Un morceau de dos, un bras tendu, une tension pour faire lien. Vient ensuite la traversée de la maison, en file indienne. J'entame le trajet, ascension, descente, le regard extérieur, la main assurée pour chaque pas sur la structure métallique, le bâtiment livre ses secrets. Vides et pleins à la fois, cadre et ouverture, libre de bouger dans les espaces, contraint de mettre mes yeux tout autour, je suis l'un, l'autre me suis, mais qui suis-je exactement ?
Telle une bille lancée dans le circuit, habitée de la musique que je respire, je continue et joue le jeu du groupe à fabriquer, de la figure à construire. Droite comme un i, souple aux tournants des traverses et des échelles, chaque pas propose une autre vision. Le mouvement s'étend, le groupe s'arrête net, en haut, en bas, à chacun son endroit, toujours en lien. Parfois les corps s'élancent, puis se rétractent, le sol fait partie de la pièce, le ciel est notre partenaire.
Et puis la maison propose de s'étendre. Alors on s'accroche. Des échelles passent de main en main, tentacules, armes en quête, je prends, je glisse, je suspends au dessus, en dessous. Horizontales ou verticales, elles s'insinuent dedans et prolongent nos mouvements dehors pour étendre et faire bouger le bâtiment qui prend vie par nos bras métalliques. Comme par magie, la maison devient chair et intègre le mouvement perpétuel de la singularité des corps.